C'est un des chiffres qui revient beaucoup en ce début d'année : dans notre corps, on dénombre 1 cellule qui nous est propre pour 9 bactéries. Autrement dit, 90% des cellules de notre corps ne nous appartiennent pas ! Au total, ce sont plus de 54 000 espèces de bactéries que nous abritons, réparties comme suit :
Nombre et répartition des espèces de bactéries dans notre corps, d'après Susan M.huse, "A core human mricrobiome as viewed through 16S RRNA sequence clusters" |
Les bactéries synthétisent également des substances utiles que notre corps ne sait pas fabriquer seul : des vitamines, des anti-inflammatoires ou des substances hydratantes pour notre peau. Les différentes populations se régulent les unes les autres, interagissant et maintenant un équilibre extrêmement complexe. D'éventuelles perturbations peuvent avoir des effets dramatiques : certaines bactéries deviennent dangereuses si leur population grandit trop ou change de place dans notre corps! L'ensemble de ce système de bactéries est appelé microbiote.
Le microbiote aux commandes
Image de la flore intestinale au microscope |
L'influence et les fonctions remplies par le microbiote intestinal (pratiquement 1,5 kg de bactéries) sont telles qu'il constituerait un nouvel organe! Il permettrait par exemple d'influer sur notre sentiment de satiété, jouerait sur notre humeur et notre niveau de stress, nous rendrait calme ou turbulent. Dans l'autre sens, notre cerveau serait capable d'envoyer des signaux au microbiote pour activer certaines fonctions ou en atténuer d'autres. Cette communication serait un des mécanismes qui nous permet de réguler notre poids par exemple. L'étude des voies de communication entre le cerveau et le microbiote met à jour des mécanismes inédits et ouvre la voie à des solutions nouvelles dans le traitement du diabète, de l'obésité ou de certaines maladies auto-immunes.
Le rôle de l'alimentation sur la santé
Une autre étude dont les résultats ont été publiés il y a quelques mois dans la revue Gastroenterology, pointe du doigt les modifications induises par les probiotiques comme le bifidus actif, dont les yaourts comme Activia ou Actimel sont truffés. Ces produits contiennent en effet 1 milliard de ces bactéries qui modifient la flore intestinale (l'autre nom du microbiote intestinal).Un deuxième cerveau dans le bidou
Le microbiote intestinal serait donc un nouvel organe..mais ce n'est pas tout ! Nous possédons dans le ventre un cerveau secondaire ! Environ 500 millions de neurones forment un réseau complexe qui enveloppe notre intestin. Cela reste inférieur au nombre de neurones dans le "vrai" cerveau (environ 100 milliards) mais cela n'en constitue pas moins un système impressionnant. A titre de comparaison, c'est l'équivalent de 5 cerveaux de hamster autour de notre appareil digestif. Ce système nerveux entérique (SNE) fonctionne de manière indépendante et communique aussi avec le microbiote intestinal et notre cerveau via des neurotransmetteurs. Son rôle ne se limite pas à contrôler en partie le système intestinal. Le SNE synthétise par exemple 95% de la sérotonine, une molécule qui sert, entre autres, à réguler notre humeur, la température du corps, les cycles de veille et de sommeil, la douleur ou l'anxiété.Image au microscope de neurones intestinaux, source ici |
Crédits : Debra Solomon. |
Michael Gershon, professeur à l'Université Columbia à New-York va plus loin : pour lui, "le cerveau abdominal serait aussi capable de se souvenir, participerait à la phase de rêves pendant le sommeil et pourrait constituer la matrice biologique de l’inconscient" (lire ici pour en savoir plus, ou ici, en anglais).
Il serait également possible d'observer les effets et les évolutions des maladies neuro-dégénératives, comme celle de Parkinson, dans le système nerveux entérique. Le diagnostique en serait facilité, puisqu'il suffirait de prélever des cellules au niveau de l'intestin. Pour en apprendre davantage sur la communication entre le cerveau et le microbiote, je vous invite à consulter cette page. On peut aussi regarder le début de cette vidéo.
Enfin, je conseille la lecture de cet excellent article sur le Webinet des curiosités : Nous sommes tous John Malkovitch!
Ah ben on est super synchros ! Sans meme se coordonner :) J'ajoute un lien vers ton billet !
RépondreSupprimerHé hé oui, du coup j'ai zappé toute la première partie de mon article et bricolé une deuxième partie en catastrophe :)
RépondreSupprimerJe vais mettre le lien vers ton article plus en évidence!!
Mince ! Désolé d'avoir perturbé ta publication :-)
RépondreSupprimerTu aurais pu garder ton article tel quel, ca n'est pas bien grave !
Très intéressant comme article, la partie parasite est moins poétique ou plus simplement j'ai plus de mal avec.
RépondreSupprimerCordialement
@ scienceetonante : Ce n'est vraiment pas grave, je voulais juste éviter les répétitions :)
RépondreSupprimer@ temps : C'est bien vrai, c'est limite in peu gore.. Je n'avais pas prévu d'en parler initialement, mais ces mécanismes restent fascinants!
Article intéressant!
RépondreSupprimerJe n'ai pas d'exemple de parasite qui modifie le comportement humain à offrir, mais un exemple de microbiote qui influence le choix du partenaire reproducteur chez la Drosophile :)
Une histoire de mouches nourries avec soit de la mélasse, soit de l'amidon sur deux générations, et qui une fois re-mélangées se reproduisent de préférence avec les mouches qui ont le même régime alimentaire. En revanche, après un traitement antibiotique, cette préférence disparaît.
Voir mon commentaire à la suite de mon billet sur le microbiote humain: http://coffeebreaksciencefr.wordpress.com/2012/12/18/le-microbiote-humain-les-hommes-et-leurs-microbes/
Excellent! Merci pour le lien. Je me demande si ce genre de corrélations a été observé chez d'autres animaux? J'en ai aussi profité pour découvrir sur votre blog l'incroyable vidéo de Drew Berry :)
RépondreSupprimerUn parasite qui modifie le comportement humain ?
RépondreSupprimerSaccharomyces cerevisiae!
Elle dégrade le raisin pour faire du pinard, qui a un effet très marqué sur les cerveaux humains, qui pour y revenir préservent le génôme de la levure... habile non ?
Euh, bon, d'accord, c'est un peu tiré par les cheveux. Hips...
Hé hé, en plus, on la retrouve dans la bière et le pain non? De là à dire que notre maitre à tous est une levure, il n'y a qu'un pas! Re -hips!
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